Biographie

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Sans doute ai-je été très tôt sensibilisé à la peinture et au dessin pour avoir vu mon grand père Joseph Juilliard peindre sur le motif en 1941 ou 1942 en Dordogne où nous étions réfugiés ! Sa peinture, réaliste, colorée, solidement composée, avait subi à l’évidence l’influence de Cézanne et était tout à fait représentative de la peinture des années 30, dans le sillage de Jean de Botton, de Jean Puy et de Ch.Camoin qu’il avait bien connus. Mais j’étais alors trop jeune pour en recevoir plus que quelques souvenirs.

 

Né en 1934, je découvris la peinture par moi-même dans les années 50 à commencer par les Impressionnistes puis les Fauves. Ils suscitèrent mes premiers essais. Jean Puy que je rencontrai à l’occasion de sa dernière exposition parisienne, Maurice M.L.Savin, mon professeur de philosophie en khâgne à Louis le Grand, peintre lui-même et un peu plus tard l’avocat à la Cour André Morillot, grand collectionneur de peintures , m’encouragèrent à poursuivre mes premiers essais. Le peintre Jules Cavaillès apprécia aussi une de mes toiles qui se trouvait chez des amis.

 

Je commençai véritablement à m’y atteler en 1958/59 , à l’occasion de mes études juridiques qui me laissaient un peu de temps libre. Période de tâtonnements et d’imitations de tous les styles, des Fauves à Soutine : paysages méridionaux et falaises normandes, visages expressionnistes et natures mortes de bouquets ou de poissons !

 

Après mon mariage et mon entrée dans une vie professionnelle d’enseignant, j’eus beaucoup moins de loisirs mais n’en continuai pas moins à peindre activement pendant mes vacances d’été.

Au cours de celles ci, au Mont Dore en Auvergne, les thèmes qui s’imposèrent à moi furent très naturellement l’espace des grands plateaux, leurs hautes herbes brassées par le vent, les torrents et les cascades, ces eaux vives qui devaient désormais devenir mon sujet d’élection tout autant en peintures qu’à travers d’innombrables dessins !

 

A ces premiers thèmes éminemment paysagers s’ajoutèrent à la suite de notre arrivée dans le Jura en 1975 celui de l’éclat blond des blés d’été et des taches noires des brulis d’automne dans les chaumes, ainsi que des multiples traces diverses éparses dans les labours. Le peu de temps que me laissait une vie familiale de plus en plus chargée me conduisit à pratiquer de petits formats et surtout m’orienta de plus en plus vers le dessin, d’exécution plus rapide .

 

Dans les deux domaines je me suis senti attiré progressivement vers une économie de moyens toujours plus grande et une stylisation de plus en plus allusive que j’aimai souvent mêler ou confronter à des empreintes très aléatoires d’éléments naturels tels que feuillages, herbes, écorces, sables ,coquillages ou roches, - empreintes chez lesquelles le mélange d’éléments tantôt très précis, tantôt beaucoup plus flous, me paraissait refléter assez bien la vitalité mouvante de la nature .

De plus en plus il m’apparut que le moindre graphisme, surtout mêlé aux irrégularités de la surface qui servait de support au papier sollicité, pierre ou planche par exemple, était à lui seul porteur de toute une richesse de petits hasards infinitésimaux qui, joints à l’improvisation de l’artiste, le faisait participer, à son niveau modeste, à la vie même de l’Univers ! Orgueilleuse ivresse mais plaisante ambition!